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Intervista Igor

Un regard sur le monde / Actualité

9 min.

Irene Jacca, 29 juin 2021

Un regard sur le monde / Actualité

9 min.

Irene Jacca, 29 juin 2021

LGBTQIA+ et Pride, entre orgueil et préjugé

La Marche des Fiertés fait enfin son retour dans les rues de France: de mai jusqu’au mois d’octobre, les couleurs arc en ciel de la Pride rassemblent plus de 22 grandes villes de l’hexagone, dont Paris — où la marche a vu participer plus de 30.000 personnes ce samedi — et Marseille, Bordeaux, Montpellier, Toulon, Grenoble et Toulouse dans les semaines à venir.

Face à l'Italie, où le D.D.L. Zan — le projet de loi contre la discrimination basée sur le sexe, le genre, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’habilisme — divise encore l’opinion publique, ou à l’Hongrie, qui a interdit aux mineurs la fruition de films et livres présentant une sexualité autre que celle entre homme et femme, la France, certes, peut paraître un Pays progressiste et émancipé; en effet, depuis 2013 et jusqu’à l’année dernière, elle a été dans le top 10 du classement ILGA-Europe des Pays Européens les plus LGBTQIA+-friedly. Mais 2020 a marqué le début d’une régression qui, en dépit de l’avancée législative, dévoile la présence de LGBTIphobies diffusées dans la société.

C’est pourquoi, en l’occasion du mois de la fierté LGBTQIA+, nous avons décidé de parler de Pride, droits et discrimination, et de comment aborder le sujet de manière consciente.

CEO Igor Spinella
Intervista Igor

Les origines et les objectifs de la manifestation

Dans la nuit du 27 au 28 juin 1969, dans un arrondissement de Manhattan, la police fait irruption dans le bar gay Stonewall Inn et arrête les client étant habillés avec des vêtements ambigus ou n’ayant pas de documents. Rien de nouveau pour les homo-bi-transsexuel(les)s de New York, qui décident, cependant, de rendre la pareille aux policiers, en organisant une révolte passée à l’histoire comme émeutes de Stonewall. C’est ainsi que, l'année suivante, née la Gay Pride (aujourd’hui tout simplement Pride ou Marche des fiertés), pour commémorer l'événement et dénoncer ouvertement les violences et les discriminations contre les personnes LGBTQIA+.

Dans les contes de ces journées, on lit souvent que les deux travailleuses du sexe transgenres Sylvia Rivera et Marsha P Johnson auraient ouvert les hostilités avec la police, mais leurs noms mériteraient, en verité, beaucoup plus que ceci. Comme l’écrit le Time, bien que les travailleuses du sexe — et en particulier les travailleuses du sexe noires — aient été les premières véritables activistes de l’émancipation LGBTQIA+, leur fondamentale contribution a été oubliée par l’histoire. Il faut croire que la dysphorie de genre et la prostitution étaient trop peu conformes aux normes sociales même pour la communauté gay, ce qui confirme que la discrimination est un phénomène transversal, dont les victimes peuvent aussi bien devenir complices.

Le portrait de l’LGBTIphobie en France

Comme on le lit sur leur site officiel, SOShomophobie est une association féministe de lutte contre l’LGBTIphobie, développée autour des valeurs de bienveillance, inclusion et indépendance, dans le but de “soutenir, prévenir et militer”. Les bénévoles, ef effet, soutiennent les victimes, les accompagnant souvent dans les démarches juridiques, mais surtout leur apportant du confort moral et psychologique; ils préviennent, également, la diffusion de la haine, à travers un parcours de sensibilisation dans les milieux scolaires et professionnels; enfin, ils militent auprès des institutions, pour que, à partir du rapport sur l’homobitransphobie rédigé tous les ans depuis 1997 par l’association, elles ne cessent pas de prendre toutes les mesures nécessaires pour combattre la discrimination.

Le rapport de 2020 ne laisse pas de doutes: l’homobitransphobie est un fait réel, et non pas une opinion, et la pandémie en a considérablement changé le semblant. Bien que l’anné dernière compte environ 600 cas de discrimination en moins par rapport à 2019, SOSomophobie précise tout de suite que, en vertu de l’urgence sanitaire, les activités d’information et prévention ont été suspendues, et les services d’écoute (téléphone, courriel, chat et formulaire en ligne) ont subi des ralentissement. Les chiffres sont, par conséquent, trompeurs, surtout si l’on considère l’incidence des épisodes de violence domestique, pour lesquels il est beaucoup plus improbable que la victime soit en condition de dénoncer.

Faisons parler les données: les cas de discrimination familiale sont passés de 10 à 13%, et ceux de voisinage de 8 à 13%. Quand on parle de discrimination, on fait référence à plusieurs types d’agressions: des insultes, des rejets, de la diffamation, des menaces, mais aussi, malheureusement, de la violence physique, allant parfois jusqu’au viol, à l’agression sexuelle et à l’homicide. Au sein des 1815 cas de discrimination déclarés en 2020, bien 12% impliquent de la violence physique, dont plus que la moitié a eu lieu en famille ou dans le voisinage.

Les données montrent que la discrimination s’est surtout insinuée dans le quotidien et camouflée sous l’apparence de la proximité: beaucoup de victimes n’ont pas dénoncé leurs aggresseurs, car elles n’ont pas eu le moyen de s’en isoler! Cette inquiétude est aussi confirmée par la tendance anagraphique: par rapport à 2019, +14% de mineurs ont signalé des menaces d’expulsion du domicile familial, ainsi que des épisodes de rejet et humiliation et un état diffusé de détresse. Cependant, la fermeture des commerces et les limitations dans les déplacements n’ont pas empêché la discrimination en lieux publics, tels que les rues, les établissements scolaires et professionnels, ayant atteint cette année le 23%. Contre toute attente, en revanche, la violence sur le web a baissé de 8%, très probablement grâce aux campagnes de sensibilisation toujours plus nombreuses et populaires sur les réseaux sociaux.

La catégorie plus discriminée reste celle des hommes homosexuels cisgenres (69% des cas), suivie par les femmes lesbiennes cis (19%), pour lesquelles on remarque que la discrimination se fait plus violente lorsqu’elle sont en couple. L’invisibilité bisexuelle est aussi de plus en plus frappante: les personnes bisexuelles se voient souvent nier l’existence même de cette identité.

Intervista Igor
Intervista Igor

L’intersectionnalité: la voix du privilège

L’intersectionnalité, dans les mots de Kimberlé Crenshaw — l'activiste, juriste et professeure américaine ayant, la première, proposé ce terme — est un carrefour de différents chemins, chacun étant une possible raison de discrimination: le genre, l'ethnie, l’orientation sexuelle, la foi religieuse, l'habileté physique, l’âge. Quand plusieurs chemins convergent sur le même individu, la discrimination se fait plus violente et ses conséquences plus extrêmes.

Le premier domaine d’application de la théorie a été le féminisme: selon Crenshaw, en effet, une femme afro-américaine est doublement discriminée, en tant que femme et en tant que noire. Mais l’idée de base est que les différentes identités sociales soient superposables et que chacune des intersections mérite d'être prise en compte séparément. La communauté LGBTQIA+ est intrinsèquement hétérogène et complexe et, comme le montre l’histoire de Stonewall, elle n’est pas exempte d’inégalités. Superposer, par exemple, la non conformité de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle à la diversité ethnique signifie aller systématiquement à la rencontre de discriminations multiples.

Pour envisager la parité des droits, l’émancipation et l’inclusion effective des catégories discriminées, on se doit d’effectuer une analyse transversale et comparée de toutes les variables. Certes, ces démarches concernent premièrement les institutions, mais nous pouvons aussi contribuer au changement. La première chose à faire est de prendre conscience de ses privilèges et essayer de les rendre socialement utiles: la voix d’une personne blanche, hétérosexuelle et cisgenre a suffisamment de résonnance pour exprimer les complaintes de ceux qui n’en ont pas assez! Voilà pourquoi il est essentiel de parler de droits civils, communauté LGBTQIA+ et Pride, combattre la haine et la violence sur les réseaux sociaux, participer activement au débat et, pour finir, employer correctement le lexique de l’inclusivité.

Le poids des mots

David Foster Wallace disait que les conventions linguistiques relèvent toujours de la politique, mais de deux façons possibles: la langue peut refléter un changement politique en cours, ou bien être le moteur même du changement. Pour faire simple, la langue décrit, bien sûr, la réalité, mais en même temps elle la modifie. Par conséquent, comprendre et adopter au mieux le lexique LGBTQIA+ signifie contribuer activement au progrès:

“...comprendre et adopter au mieux le lexique LGBTQIA+ signifie contribuer activement au progrès”.

Intervista Igor
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Reminder: une femme transgenre, quand le sexe biologique de départ est masculin; un homme transgenre, quand le sexe biologique de départ est féminin.

Ces mots ne sont pas que des étiquettes, des caprices, des prétextes pour chambouler les habitudes des plus conservateurs: ce sont les moyens par lesquels de plus en plus de gens peuvent enfin exprimer leur identité sans devoir l’approximer ou la renier.

Intervista Igor

Qu’est-ce que la Pride pour toi?

Comme l’arc-en-ciel qui en est le symbole, la Pride a mille couleurs, mille significations différentes: c’est l’occasion pour faire la fête et se laisser transporter par une ambiance joyeuse et pétillante; c’est la célébration de la liberté et du respect de l’autre; c’est un choix de courage, le bon moment pour affirmer son identité sans avoir honte; c’est un sentiment de libération, de catharsis, d’appartenance à la même famille; c’est une marche collective vers le progrès et l’égalité.

La Pride est le lieu où la rage et l’indignation se subliment dans la fierté d’être tout simplement soi-même.

1 Ce mot anglais signifiant “étrange”, “bizarre”, qui était une insulte à l’origine, est actuellement employé pour désigner toute personne non hétéronormée ou cisnormée.
2 Personnes ayant des caractéristiques physiques, hormonales ou génétiques qui ne répondent pas aux définitions de masculin et féminin.
3 Personnes dont l’orientation est caractérisée par l’absence d’attraction envers tout genre.
4 Ouverture à toute personne ne s’identifiant pas dans ces catégories.
5 Pour l’accord grammatical on utilise la voyelle indéfinie schwa.
6 Reminder: une femme transgenre, quand le sexe biologique de départ est masculin; un homme transgenre, quand le sexe biologique de départ est féminin.
7 Personne qui suit un traitement hormonal et/ou se soumet à une intervention chirurgicale.

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